Droit des enfants à une
inscription à l’état civil et à une nationalité
Compte
tenu des dispositions dissuasives prévues par notre réforme, si elle entrait en
vigueur, les cas d’enfants nés par GPA devraient être rarissimes à l’avenir en
France. Les dispositions pénales existantes en France y ont en effet réduit quasiment à néant cette pratique: les
adultes désirant fonder une famille et se charger de bébé n’ont pas vocation à
jouer les Bonny and Clide et autres hors la loi …
Les
cas concrets à résoudre seraient donc pour l’essentiel ceux des enfants déjà
nés de GPA.
La Cour de Cassation, en interdisant
toute reconnaissance de la filiation aux parents biologiques ou commanditaires,
directement par la transcription d’actes étrangers ou la reconnaissance de
paternité, ou indirectement par l’établissement de certificats de nationalité,
semble au fond vouloir non seulement s’opposer à toute facilitation du
recours aux GPA à l’étranger, mais aussi
vouloir refuser toute reconnaissance
comme père social d’un père biologique ayant recouru à un tel pacte.
Dans ce refus d’établir une filiation
correspondant à une origine génétique, elle aligne le statut de l’enfant né de
GPA sur celui de l’enfant né d’inceste.
Nous approuvons bien sur cette
conception de la filiation. Elle rejoint la position de la Cour de Cassation
italienne qui vient de décider qu'un
enfant né d'une mère porteuse en Ukraine ne pouvait rester auprès de ses parents italiens et devait être
adopté par une autre famille. La loi
italienne prévoit que la femme qui accouche est la mère et que la même loi
contient une interdiction formelle, renforcée par une sanction pénale, de la
gestation pour autrui. (Le Figaro 12 novembre 2014).
Pour assurer à l’enfant né d’un parent
biologique français ou risquant d’être apatride, un état civil et la
nationalité française, deux solutions nous paraissent envisageables.
La plus extrême consisterait à aller au
bout de cette logique de refus de reconnaissance d’une filiation dans ces
conditions, et de traiter l’enfant né de GPA comme un enfant trouvé. Nous
proposons plutôt une procédure qui retrace l’histoire de l’enfant malgré cet
évènement et peut être adaptée aux différentes situations des enfants nés de
GPA.
Nous proposons que l’enfant né d’un parent
biologique français à la suite d’un contrat de GPA soit inscrit à l’Etat civil
à la suite d’un jugement.
(L’officier d’Etat civil soupçonnant l’usage
d’un contrat de GPA procédera comme il est prévu à la fois par l’article 57 du
Code Civil en avisant le Procureur de la République afin que celui-ci saisisse
le tribunal et par l’article 40 du Code de procédure pénale)
Ce jugement ordonnera que la filiation de
l’enfant soit inscrite conformément à ce qu’elle serait en l’absence de contrat
de GPA
et
statuera sur les droits parentaux.
Dans le cas où l’abandon a été prévu au
bénéfice non d’un couple mais d’une femme uniquement, avec ou sans achat de
gamète, (donc que cette femme soit ou non mère génétique de l’enfant), l’enfant
pourra être inscrit à l’Etat civil français : soit en tant qu’enfant
trouvé, né de père inconnu et de mère étrangère, soit en tant qu’enfant d’une
mère porteuse française et de père inconnu.
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